L’IA, un danger sous-estimé pour les enfants : Eric Schmidt tire la sonnette d’alarme
Une société mal préparée face à l’IA
Lors d’une récente intervention à l’Université de Princeton, Eric Schmidt, ancien PDG de Google, a exprimé ses préoccupations sur l’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur la société. Selon lui, ni les citoyens ordinaires, ni les gouvernements, ni même les doctrines réglementaires ne sont prêts à affronter les bouleversements provoqués par l’IA.
« Les gens normaux ne sont pas prêts. Les gouvernements ne sont pas prêts. Les processus gouvernementaux ne sont pas prêts. Les doctrines ne sont pas prêtes », a-t-il affirmé. Cette déclaration met en lumière les lacunes actuelles dans la compréhension et la gestion des technologies liées à l’IA, qui se développent à un rythme effréné.
Les enfants et l’IA : une relation inquiétante
Schmidt a particulièrement insisté sur les dangers que l’IA représente pour les enfants. Il a décrit un scénario où un enfant pourrait nouer une relation étroite avec un ami virtuel non humain, soulevant des questions fondamentales : « Quelles seront les règles dans une telle situation ? » a-t-il demandé.
Il a également évoqué un problème plus spécifique et troublant : la tendance de jeunes hommes à développer des attachements émotionnels avec des partenaires virtuels alimentés par l’IA. Selon Schmidt, ces relations pourraient aggraver des problèmes comme l’isolement social et la difficulté à établir des liens humains réels.
L’IA comme outil de manipulation de masse
L’ancien dirigeant de Google a également alerté sur les risques liés à une utilisation abusive de l’IA par les gouvernements. Selon lui, des régimes mal intentionnés pourraient se servir de cette technologie pour « laver le cerveau » d’une génération entière. « Nous savons que le mal existe dans le monde, et nous savons que ces systèmes sont puissants de manière asymétrique. Ils jouent avec la manière dont les gens pensent », a-t-il averti.
Lobbying massif contre la législation sur la sécurité en ligne des enfants
Les grandes entreprises technologiques, telles que Meta (Facebook) et Alphabet (Google), ont dépensé près de 90 millions de dollars au cours des trois dernières années pour influencer les législations comme le Kids Online Safety Act. Ces efforts incluent des stratégies visant à exploiter les divisions politiques et culturelles, ce qui ralentit considérablement l’avancement du projet de loi.
Ce lobbying intervient alors que les parents se battent de plus en plus pour protéger leurs enfants en ligne. Le Sénat a pourtant adopté le projet cet été avec un large soutien bipartite, mais le texte rencontre désormais une vive opposition à la Chambre des représentants.
Un soutien bipartite des procureurs généraux des États
Face à ces blocages, un groupe de 32 procureurs généraux issus de différents États a récemment adressé une lettre au Congrès. Ils demandent une adoption rapide du Kids Online Safety Act, arguant qu’il est urgent de protéger les jeunes contre les dangers des algorithmes qui peuvent les conduire vers des contenus nuisibles, comme ceux glorifiant le suicide ou favorisant les troubles alimentaires.
Genesis : un ouvrage pour comprendre les enjeux de l’IA
Eric Schmidt a coécrit un livre intitulé Genesis: Artificial Intelligence, Hope, and the Human Spirit avec Henry Kissinger et Craig Mundie. Cet ouvrage explore les implications profondes de l’IA sur l’humanité et la société, offrant des perspectives sur les opportunités et les défis qu’elle présente. Ce livre sert également de mise en garde face à l’évolution rapide de ces technologies, souvent mal comprises.
L’avenir incertain du Kids Online Safety Act
Malgré l’adoption par le Sénat, le projet de loi peine à franchir l’étape de la Chambre des représentants. Les divisions politiques exacerbées par le lobbying des grandes entreprises ralentissent le processus législatif. Les progressistes craignent que le texte ne limite les informations LGBTQ+, tandis que certains conservateurs redoutent une censure de contenu anti-avortement.