L’intelligence artificielle (IA) dans notre quotidien
L’intelligence artificielle a progressivement pris place dans divers aspects de nos vies, que ce soit à travers des outils comme les prédictions de texte sur nos téléphones ou des solutions avancées dans des secteurs comme la santé et l’énergie. Cependant, cette technologie suscite autant d’espoir que d’inquiétudes parmi les travailleurs et les entreprises.
En Alberta, cette dualité est particulièrement visible. Adam White, directeur à l’Alberta Machine Intelligence Institute (Amii), a récemment partagé son point de vue lors d’une interview avec CTV News Edmonton. Selon lui, les craintes du public concernant les dérives possibles de l’IA sont compréhensibles mais, dans la majorité des cas, exagérées. « L’idée d’une explosion exponentielle où une IA construite aujourd’hui en conçoit une autre encore plus avancée est surtout de la science-fiction », explique-t-il.
Un soutien, non une menace, pour les travailleurs
Adam White insiste sur le rôle de l’IA comme outil de soutien plutôt que de remplacement. Il évoque notamment des cas où la technologie peut répondre à des besoins critiques dans des communautés isolées. « Par exemple, dans certaines localités, il manque des opérateurs pour les stations de traitement d’eau. L’IA peut assurer une gestion temporaire jusqu’à l’intervention humaine », détaille-t-il. De plus, elle offre des opportunités significatives dans des secteurs comme l’énergie, en rendant l’exploitation pétrolière plus efficace et moins polluante, ou encore dans l’agriculture, pour sécuriser et localiser l’approvisionnement alimentaire.
Cependant, certains secteurs sont particulièrement vulnérables. L’automatisation de tâches administratives comme la création de documents juridiques ou la rédaction de contrats menace de réduire le besoin en personnel humain. Ironiquement, même les développeurs de logiciels ne sont pas à l’abri, les grandes entreprises entraînant des modèles d’IA capables de générer du code.
Les préoccupations éthiques et sociétales
Une enquête menée en 2023 révèle que 86 % des entreprises canadiennes se préoccupent des biais potentiels dans les algorithmes et des implications éthiques de l’IA. Ces inquiétudes ne sont pas infondées, car des exemples montrent que des erreurs ou des biais dans les systèmes d’IA peuvent avoir des conséquences graves.
Pour répondre à ces défis, le gouvernement de l’Alberta a pris des mesures en annonçant, en mars 2024, le développement de réglementations spécifiques à l’IA. L’objectif est de protéger la vie privée des citoyens tout en luttant contre des menaces comme les technologies de « deepfake ». Ce cadre juridique, qui devrait être finalisé d’ici 18 mois, vise à équilibrer innovation et sécurité.
L’impact sur la sécurité de l’emploi
Des études récentes montrent que près de 60 % des emplois dans les économies avancées pourraient être affectés par l’IA. Certains postes seront transformés positivement, grâce à une meilleure productivité et de nouveaux outils, tandis que d’autres risquent de voir leur pertinence diminuer face à l’automatisation. Malgré cela, White reste optimiste : « L’IA, utilisée avec précaution, peut renforcer les capacités des travailleurs, et non les remplacer. »
Initiatives locales et vision à long terme
L’Amii joue un rôle clé en Alberta, en soutenant des initiatives locales visant à développer des technologies IA éthiques et bénéfiques. Le rapport d’impact 2021-2022 de l’institut met en avant des réussites notables, consolidant ainsi la position de la province comme leader dans ce domaine au Canada.
Pour White, le défi principal reste d’assurer un déploiement responsable et progressif de ces technologies. « Plutôt que de se concentrer sur des scénarios catastrophiques, nous devrions valoriser les histoires de succès », conclut-il.