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Pour de grandes histoires, nous avons besoin de personnes, pas d’IA | Lettres

Pour de grandes histoires, nous avons besoin de personnes, pas d'IA | Lettres
Simon Robben
Écrit par Simon Robben

2025-03-19 18:09:00

Jeanette Winterson affirme que les humains auront toujours soif de lire ce que d’autres humains ont à dire. Toutefois, elle oublie que chaque œuvre littéraire, film ou pièce d’art réalisée par une intelligence artificielle et consommée par les humains représente une opportunité en moins pour une œuvre créative produite par un être humain d’atteindre un public. Ce phénomène soulève des interrogations profondes sur la place de la créativité humaine face à l’essor de l’intelligence artificielle dans le domaine artistique.

Il est légitime de se demander si son avis serait le même si elle se retrouvait au début de sa carrière, sans les quatre décennies de succès qui lui permettent de s’exprimer ainsi aujourd’hui. Les discussions autour de l’art et de la littérature sont souvent couleurs par les expériences personnelles et le parcours de vie des auteurs. Si l’on s’éloigne trop de cette réalité humaine, on risque de stériliser une partie essentielle de la création.

Les emplois créatifs, tels que l’édition ou le design graphique, sont déjà largement externalisés vers des systèmes d’IA à travers de nombreux secteurs. Winterson serait-elle vraiment naïve de penser que la littérature ne subira pas le même sort si des figures influentes continuent de promouvoir la rédaction par intelligence artificielle, et ce, dans des médias prestigieux ? Il est impératif de prendre conscience des conséquences possibles sur la diversité des voix littéraires si les œuvres générées par l’IA prennent le pas sur celles produites par des auteurs humains.

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Je pose une question simple à l’équipe éditoriale : quand a eu lieu la dernière publication d’une nouvelle d’un auteur humain dans votre espace, à une position aussi centrale ? Vous avez offert une grande visibilité à une histoire conçue par l’IA. Pourquoi ne pas accorder la même attention à un jeune écrivain aspirant ? Les plateformes comme la vôtre ont un rôle primordial à jouer dans l’encouragement de nouvelles voix littéraires, plutôt que de donner la priorité à leurs homologues artificiels.

Il est rafraîchissant de découvrir des réflexions sur le potentiel créatif de l’intelligence artificielle, comme celles proposés par Winterson. Toute œuvre littéraire est une étoffe tissée de souvenirs, d’expériences humaines et de culture, qu’elle soit produite par une personne ou par une machine. La neuroscience montre que notre façon de vivre l’expérience est teintée de souvenirs passés et de contextes sociaux. Ainsi, même la voix qui s’exprime dans la poésie lyrique peut être considérée comme une forme d’intimité parfois déroutante, reflet à la fois authentique et façonné par des algorithmes.

Littérature et art poseront toujours cette question fascinante : « Que ressentirait-on en étant une autre personne ? » Si une machine se permet de discuter de cette notion, n’est-ce pas une belle occasion de mettre notre humanité en perspective ? L’IA, dans ses processus créatifs, peut parfois faire ressortir des traits de notre propre créativité, mais elle ne peut pas remplacer le fondement émotionnel et l’expérience subjective qui sont intrinsèques à l’art produit par des humains.

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En tant qu’écrivain, j’ai pris note, avec un mélange d’intérêt et d’inquiétude, des opinions de certains auteurs sur les compétences de rédaction de ChatGPT. Soutenant des étudiants neurodivergents, je perçois l’IA comme un outil d’assistance, pouvant compléter le processus d’écriture mais ne devant pas remplacer la voix originale des écrivains. Un étudiant récemment m’a confié qu’il utilise l’outil de détection d’IA GPTZero pour s’assurer que ses travaux ne soient pas Classés comme générés par une machine. À ma grande surprise, un essai de mon propre texte a été jugé « modérément confident » d’être composé à 85 % par une IA. Un signal alarmant pour tous les auteurs en quête de reconnaissance.

Quelles seraient les répercussions si les agents littéraires et les éditeurs prenaient cet outil pour argent comptant, sans remettre en question son évaluation ? Peut-on vraiment se réconforter en pensant que, si cet outil a évalué mon travail de cette façon, c’est parce qu’il était bien écrit ? Après des années de lecture assidue, suis-je devenu, d’une certaine manière, mon propre modèle de langage ? Les temps sont suffisamment durs pour un écrivain sans ajouter à cette équation une crise existentielle potentielle engendrée par la technologie.

A propos de l'auteur

Simon Robben

Simon Robben

Simon Robben est un expert reconnu en intelligence artificielle et en transformation numérique. Auteur principal du site Actualité I.A, il partage son expertise à travers des articles clairs et accessibles, dédiés à l'actualité de l'intelligence artificielle. Avec plusieurs années d'expérience dans le domaine, Simon suit de près les dernières avancées technologiques et leurs impacts sur les entreprises et la société.