Le potentiel de l’intelligence artificielle (IA) pour transformer l’économie américaine pourrait jouer un rôle clé dans la réduction du déficit budgétaire, selon une récente étude de la Brookings Institution. En particulier, son application dans le domaine de la santé pourrait non seulement accroître l’efficacité du système, mais également démocratiser l’accès aux soins.
Une avancée économique prometteuse
D’après un document de travail publié par le Center on Regulation and Markets de Brookings, les effets économiques positifs de l’IA pourraient réduire le déficit budgétaire américain de 1,5 % du produit intérieur brut (PIB) d’ici 2044. Cela équivaut à environ 900 milliards de dollars, représentant une baisse d’un cinquième des déficits annuels à l’horizon de vingt ans.
Ben Harris, Neil Mehrotra et Eric So, les auteurs de cette étude, soulignent que l’IA offre une occasion rare, voire unique, d’étendre l’accès aux services de santé tout en allégeant la charge pesant sur le système traditionnel. Des applications telles que l’automatisation des tâches administratives, l’amélioration des diagnostics ou encore la gestion des flux de patients pourraient transformer en profondeur le fonctionnement de la santé aux États-Unis.
La santé américaine : un secteur en retard sur la productivité
Malgré des avancées technologiques notables dans de nombreux secteurs, la santé reste l’un des domaines les moins productifs de l’économie américaine, selon une analyse de McKinsey. Près d’un quart des dépenses de santé, publiques et privées, est alloué à des fonctions administratives, plutôt qu’à des traitements ou des résultats pour les patients. C’est précisément dans ce contexte que l’IA pourrait s’avérer révolutionnaire, en optimisant les processus et en limitant les dépenses inutiles.
Une administration divisée sur la mise en œuvre de l’IA
L’intégration de l’IA dans la santé soulève toutefois de nombreuses questions réglementaires et éthiques. L’administration Trump, qui entame son second mandat, a promis de réduire les dépenses publiques et de démanteler certaines bureaucraties fédérales à travers le Department of Government Efficiency. Bien que ces mesures pourraient freiner le financement public pour les initiatives en IA, une réduction des réglementations pourrait accélérer l’adoption de technologies prêtes à l’emploi, notamment dans le diagnostic médical.
Ajay Agrawal, professeur à l’Université de Toronto et expert en économie de l’IA, note que le secteur public et le secteur privé doivent collaborer pour surmonter les résistances institutionnelles au changement. Selon lui, des partenariats public-privé seront essentiels pour assurer une adoption généralisée de l’IA.
Les défis de l’adoption : éthique et confidentialité
Si les avantages économiques et sanitaires de l’IA sont clairs, ses implications éthiques restent problématiques. Les algorithmes d’IA risquent de reproduire, voire d’accentuer, les inégalités systémiques si leur déploiement n’est pas correctement encadré. De plus, la confidentialité des données médicales représente un obstacle majeur dans les discussions entre les secteurs public et privé.
Comparaisons internationales et perspectives globales
Comparé à d’autres pays, comme le Canada ou certaines nations européennes, les États-Unis accusent un retard dans l’intégration de l’IA dans la santé. Ces pays ont investi massivement dans des solutions technologiques pour améliorer la prévention et les diagnostics. Tirer des enseignements des pratiques internationales pourrait fournir aux États-Unis des pistes pour optimiser l’impact économique de l’IA.
Les impacts potentiels à long terme
L’un des aspects les plus fascinants de l’étude de Brookings concerne l’effet de l’IA sur la santé de la population et, par extension, sur les finances publiques. En réduisant les taux de maladies graves grâce à une meilleure prévention et à des diagnostics plus précis, l’IA pourrait diminuer les dépenses de programmes publics tels que Medicare. Cependant, une augmentation de l’espérance de vie, encouragée par des soins plus performants, pourrait également accroître les dépenses liées à une population retraitée plus nombreuse.
Un avenir incertain mais prometteur
Malgré ces défis, les auteurs de l’étude restent optimistes quant aux bénéfices globaux de l’IA. En rendant les soins plus accessibles et moins coûteux, elle pourrait non seulement améliorer la qualité de vie des citoyens, mais aussi contribuer à une économie plus dynamique. Toutefois, pour maximiser ces avantages, il sera crucial d’équilibrer innovation et régulation.
Sources
- Brookings Institution : https://www.brookings.edu
- McKinsey sur la productivité dans la santé : https://www.mckinsey.com
- Ajay Agrawal, Rotman School of Management : https://www.rotman.utoronto.ca
- American AI Initiative : https://www.brookings.edu/articles/assessing-trumps-artificial-intelligence-executive-order
- Actualité sur les nominations de Trump : https://apnews.com/article/79cdda378e2affb85722323160306b30
- Rapport sur les risques éthiques de l’IA : https://www.brookings.edu/articles/risks-and-remedies-for-artificial-intelligence-in-health-care