L’intelligence artificielle (IA) promet des avancées majeures dans de nombreux domaines, y compris les services publics. Mais peut-elle réellement sauver le secteur public britannique ? L’idée suscite autant d’enthousiasme que de scepticisme. Examinons cette question à travers les opportunités, les défis, et les perspectives qu’elle offre.
Des économies prometteuses grâce à l’IA
Selon des estimations récentes, l’IA générative pourrait permettre au secteur public britannique d’économiser jusqu’à 38 milliards de livres sterling par an d’ici 2030. Ces économies potentielles résultent de l’automatisation de nombreuses tâches administratives, de l’optimisation des processus décisionnels et de la réduction des coûts opérationnels dans des secteurs clés comme la santé, l’éducation et les infrastructures sociales.
De plus, le rapport « Governing in the Age of AI » du Tony Blair Institute souligne une opportunité unique pour le Royaume-Uni de se positionner comme leader mondial en matière d’IA. Tony Blair et Marc Warner, dans leur préface conjointe, ont déclaré que l’IA devrait transformer la gouvernance en rendant les services publics plus efficaces et innovants.
Un contexte politique et institutionnel favorable
En novembre 2023, le Royaume-Uni a franchi une étape importante en organisant son premier sommet sur la sécurité de l’IA. Ce sommet a également marqué la création de l’AI Safety Institute, une initiative visant à réguler l’utilisation de l’IA tout en renforçant la confiance du public et en garantissant la sécurité de ses applications. Ce positionnement stratégique vise à préparer le pays à exploiter pleinement les avantages de l’IA dans les années à venir.
Les défis structurels qui freinent l’adoption
Malgré les opportunités, plusieurs obstacles compromettent une adoption rapide et à grande échelle de l’IA dans les services publics britanniques :
- Contraintes budgétaires : La crise financière qui affecte actuellement le secteur public limite les investissements dans les technologies innovantes. Les priorités budgétaires restent concentrées sur des domaines critiques comme la santé (NHS), l’éducation et la sécurité sociale.
- Réglementations complexes : Des lois strictes comme le GDPR compliquent le partage et l’utilisation des données nécessaires au bon fonctionnement des systèmes d’IA.
- Manque de coordination : L’absence d’harmonisation entre les départements gouvernementaux entrave l’innovation, en particulier dans des secteurs comme la santé et les infrastructures sociales.
- Qualité des données : Les systèmes d’IA dépendent de données fiables et cohérentes. Or, de nombreux départements publics gèrent encore des données obsolètes ou fragmentées, ce qui limite l’efficacité des solutions basées sur l’IA.
- Infrastructure technologique inadéquate : Une partie significative des services publics repose sur des systèmes informatiques vieillissants, compliquant l’intégration de nouvelles technologies.
- Manque de compétences : Le secteur public souffre d’une pénurie de professionnels qualifiés pour développer, implémenter et maintenir les solutions d’IA.
Perspectives critiques et mises en garde
Des experts comme le professeur Neil Lawrence de l’Université de Cambridge préviennent que l’IA, bien qu’efficace, ne peut être une solution miracle. Ils mettent en garde contre une dépendance excessive à cette technologie, qui pourrait conduire à des décisions simplistes et à des résultats inattendus. La confiance du public dans l’IA reste également un défi, notamment dans des domaines sensibles comme la santé ou la justice.
Exemples concrets d’application
Le rapport du Tony Blair Institute détaille comment des départements spécifiques, comme le Department for Work and Pensions, pourraient bénéficier de l’IA en automatisant jusqu’à 40 % des tâches administratives. Ces transformations permettraient de réduire la charge de travail humaine tout en augmentant l’efficacité.
Un futur dépendant des efforts concertés
Pour exploiter pleinement le potentiel de l’IA, des actions concrètes doivent être entreprises. Cela inclut :
- Investir dans la gouvernance des données : Améliorer la qualité, la protection et la gestion des données.
- Moderniser les infrastructures : Remplacer les systèmes vieillissants par des technologies capables de supporter l’IA.
- Développer les compétences : Former une main-d’œuvre capable de gérer cette transformation technologique.
- Adopter une approche éthique : Assurer la transparence et la responsabilité dans l’utilisation de l’IA.
L’IA peut transformer les services publics, mais cela nécessite une vision stratégique, des investissements ciblés et une coordination efficace.
Sources
- Open Access Government : Generative AI could save £38 billion for UK public sector annually
- Wikipédia : Regulation of Artificial Intelligence
- Financial Times : Don’t expect AI to just fix everything, professor warns
- The Times : AI adoption in public services
- Institute Global : Reimagining UK Department for Work and Pensions
- Gov.uk : A Guide to Using Artificial Intelligence in the Public Sector